C’est pour préserver la nature que GIC Bellomar a décidé de se lancer dans un nettoyant « made in Cameroon ».
Après l’eau de javel, le détergent liquide et le savon de toilette, le Groupement d’initiative commune Bellomar (GIC-Bellomar) se lance dans la production et la distribution des détergents en poudre fait à base des huiles de fritures usées. Directeur de la production, Gérard Mekongtso Fopa dit que cette idée est née d’un constat selon lequel, les hôtels jettent en moyenne 30 litres d’huile de fritures usées dans la nature. « Beaucoup de personnes vendent de mauvais détergents aux consommateurs », souligne un responsable du GIC.
Ainsi, après avoir récupéré ces déchets, les chimistes y ajoutent d’autres produits comme l’huile de palme, la soude et des additifs pour donner un autre parfum et couleur aux détergents. Fruit de longs mois de travail, ces nettoyants sont encore à leur phase test. « Si l’huile usée est supérieure à l’huile de palme, on n’aura pas un bon détergent », explique Gérard Mekongtso Fopa.
N’empêche, plus de 40 sachets ont été distribués aux ménages et le taux de satisfaction est de 100 %, confie Martial Bella, Administrateur-délégué. Selon lui, le taux de saponification des huiles usées est de 95%. C’est pourquoi, on retrouve des résidus qui remontent à la surface quand on verse ce détergent dans l’eau. Mais, « il ne faut pas les éliminer, car ils ont des effets détergents », affirme le chimiste qui dit vouloir optimiser les propriétés en essayant de les transformer à 100 %.
Comme l’indiquent les responsables de l’organisation, il faut mettre en place une stratégie de collecte des huiles usées, trouver un investissement d’ 1,5 million de FCFA avant de se lancer sur le marché. En attendant, Bellomar s’approvisionne dans les hôtels et achète les additifs dans les boutiques spécialisées.
Les détergents du GIC sont faits pour la lessive et la vaisselle. Partant du coût de production qui est de 785 FCFA par kg, Martial Bella, pense que le sachet d’un kg va coûter 1 000 FCFA. « Nous comptons lancer une unité pilote le mois prochain pour produire dans un premier temps 20 kg par semaine », ajoute le chimiste.
Crée en 2002, Bellomar emploie six personnes. Elle dit manquer de financements pour maximiser sa production et s’approvisionner en matières premières. « Nous avons eu l’appui de l’Etat mais cela est insuffisant », note Martial Bella, l’inventeur d’une machine à extraire les huiles essentielles.
Christian Happi
Martial Bella
« Le détergent va amener les gens à comprendre que les déchets peuvent servir »
L’administrateur-délégué de GIC Bellomar donne les caractéristiques d’un bon détergent et dévoile la stratégie de son entreprise pour faire connaitre son produit.
D’où vous êtes venu l’idée de fabriquer un détergent à base des huiles de fritures usées ?
Nous avons remarqué que la majorité des hôtels 4 étoiles rejettent environ 30 litres des huiles de fritures dans la nature par semaine. Et, que les gens ont besoin des détergents en poudre pour la lessive et la vaisselle. De même, on voulait voir dans quelle mesure on peut valoriser ces huiles de fritures dans la fabrication des produits de premières nécessités, notamment les produits d’entretien corporels et ménagers. L’autre chose c’est que les détergents qui sont sur le marché viennent des pays comme la Chine et l’Indonésie qui parfois, sont de mauvaise qualité et ont un impact néfaste sur l’organisme. C’est tout cela qui m’a amené à faire des recherches pour transformer les huiles de fritures usées en détergents. Nous avons commencé par travailler avec un laboratoire Marocain qui malheureusement, nous a donné des résultats pas très probants. Alors, on s’est replié sur nous même et le résultat c’est qu’on arrive déjà à transformer un bon pourcentage des huiles de fritures en détergents.
Que peut faire le consommateur pour reconnaitre un bon détergent puisque que vous dites que certains d’entre eux sont de mauvaise qualité ?
Un bon détergent doit être doux et ne doit pas irriter la peau. Il doit avoir un très bon pouvoir moussant et détergent. Au niveau du nettoyage, on ne doit pas retrouver des traces de saleté après le nettoyage. En clair, quand tu trempes ton vêtement dans un détergent, il faut qu’à la fin, il y ait aucune saleté, que 100% des saletés soient automatiquement enlevées. Je le dis parce que beaucoup des détergents importés de la Chine et de l’Indonésie n’ont pas toutes les propriétés détergentes auxquelles on pourrait s’attendre. Ils sont très pauvres en éléments actifs.
Pour revenir à votre détergent, dites nous quelle est sa plus-value par rapport aux autres sur le marché ?
Le prix d’un kg de détergent en poudre varie entre 1500 et 1700 FCFA, or le nôtre a un coût de revient inférieur à 1000 FCFA. Ça veut dire qu’on peut vendre un kg à 1 000 FCFA. En termes d’efficacité, la formulation qu’on a n’est pas seulement pour les ménages, mais également pour les pressings. Nous sommes en effet partis d’une formulation pour lavage pour pressings pour intégrer des actifs permettant aussi d’entretenir les maisons. Nous avons donc une formulation multi-usages c’est-à-dire qu’on peut utiliser dans les maisons et dans les ménages. Notre produit est nettoyant et plus moussant. Certes, il y a encore quelques imperfections au niveau des petits déchets. Mais, nous estimons que ce détergent donne plus de satisfaction que ceux importés.
Quelles sont les stratégies qui vont être mises sur pied pour faire connaitre le produit ?
Nous avons un produit écologique qui essaye de protéger l’environnement et valoriser les déchets ; nous voulons amener les gens à comprendre que les déchets peuvent servir à quelque chose de nettement rentable. Sur ce, nous allons nous appuyer sur les populations à très faibles revenus et qui veulent économiser au niveau des dépenses.
Propos recueillis par C.H.